INTRODUCTION
Hugo Guénand Dalby, un étudiant franco-norvégien, s’est distingué en devant major de promotion de l’école Penninghen en Juin 2023. Il y présente un récit d’un voyage insulaire en hommage à la vie après le 22 Juillet 2011.
CONTEXTE
• 15h26
Une bombe explose dans le centre d’Oslo,
8 personnes rendent l’âme, 15 sont blessées.
• 17h22
L’île d’Utøya est assaillie, 69 personnes majoritairement
entre 15 et 16 ans sont cueillies par la mort, 200 sont blessées.
• 12 ans après
Il est question d’honorer ces âmes chères envolées ainsi que toutes les âmes perdues sans relation nécessaire avec le 22 Juillet 2011. Utøya et la Norvège appellent à la rémission.
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La colonne vertébrale du projet est d’unir la Nature, l’Humain et l’Histoire. L’architecture découle de l’histoire suivante : En arrivant sur les lieux, je trouve une pierre fine en granite reprenant approximativement les contours de l’île. Je la garde précieusement et me dis que c’est un signe. Cette pierre représente l’île, la Nature dans son intégralité.
Le jour du départ de l’île, au moment de monter à bord du ferry, je me penche pour fermer mon sac et un craquement se fait légèrement entendre. J’ouvre le sac de nouveau. La pierre s’était fissurée. C’est à ce moment précis que j’ai su que cette pierre ferait partie intégrante du futur projet à Grisebukta. Utøya me disait au revoir. Je lui rendis la politesse et lui dis à voix basse : « Ha det »
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Le visiteur est libre de son parcours. Chacun peut faire le choix de contourner ou traverser l’édifice.
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L’anneau est une jetée sur pilotis en contact direct avec l’eau. Chacun l’interprète à sa manière. Pour certains, il permet d’échanger avec les défunts, ceux victimes de l’attentat mais tout aussi bien ceux sans relations nécessaires avec le 22 Juillet 2011. Il y est possible d’écrire un mot avec une encre végétale sur un papier naturel et biodégradable, mis à disposition pour ceux qui le souhaitent. Ce papier se dissoudra au contact de l’eau. Ainsi, le visiteur verra son message transmis à son destinataire.
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Cet anneau comporte un koïlon, des gradins permettant de se retrouver, de converser, de prendre un bain de soleil ou d’observer la plate-forme flottante se situant en son centre afin de mieux l’appréhender, avec en arrière plan la rive orientale. Cet anneau représente le cycle, le renouvellement, la vie à son comble.
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La pierre brisée permet d’unir l’Humain et son environnement. Grâce à la matérialité de l’enveloppe et de la lumière, les silhouettes extérieures des arbres et des visiteurs conversent avec le bâtiment et s’invitent à l’intérieur.
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En son foyer, l’espace est divisé en deux parties distinctes. La jonction est représentée par la fissure de la pierre au sol. Le visiteur a la possibilité de déambuler où bon lui semble. La trame du sol, identique à celle du plafond, est en sur-épaisseur de façon aléatoire, incitant au mouvement. Le plancher peut ainsi se transformer en estrade suivant le désir de l’hôte.
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Ces blocs extrudés du sol servent d’assises lors de performances artistiques extérieures. Ainsi, les visiteurs peuvent profiter d’un jeu de silhouettes vibrantes unique grâce à l’environnement qui se révèle à eux.
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A l’extrémité sud du bâtiment, il est possible de se retrouver dans un espace feutré qui ne possède aucune ouverture zénithale. Cet espace incite au recueil, à l’introspection et à la méditation.
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Si le visiteur décide de s’aventurer sur sa droite en rentrant, il y découvrira un espace serein où halte et quiétude y sont favorables. L’atmosphère interne vibre au gré du vent, du soleil, de l’eau et de la nature environnante. L’architecture vit en fonction de ce qui l’entoure.
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Des percées dans les murs permettent à petits et grands d’avoir des vues ciblées sur des points précis du paysage tels une souche d’arbre ou le toit du chalet de Skolestua se situant au sud, en haut de la plaine. Chaque ouverture a une vue unique sur un élément de vie qui participe à l’architecture.
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La faille traversant le sol est en Larvikite, roche magmatique originaire de la région de Larvik au sud d’Oslo. Cette pierre, reconnue comme étant la pierre nationale depuis 2007, elle est associée à la terre et favorise également l’ancrage, ramenant la conscience à l’instant présent. Elle file vers le Sud, vers son origine, où elle disparait progressivement. Le paysage se dévoile d’avantage au visiteur.
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A la lisière de cette faille, je découvre en baissant les yeux qu’un escalier plonge dans le fjord silencieux. Pour certains ce serait un chemin qu’empruntent les messages jetés dans l’eau. Pour d’autres un simple moyen d’y accéder pour se baigner.
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Les perceptions du lieu varient selon les visiteurs et cela incite à une ré-appropriation personnelle. L’espace vit grâce à la volonté unique de chacun. La Nature, l’Humain et l’Histoire s’unissent harmonieusement.
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La venue sur Utøya doit être vécue pleinement. L’architecture proposée n’est pas à part, elle fait partie intégrante de l’île. Nous ne parlons pas d’un mémorial mais d’un hommage à la vie.
Niveau du diplôme : Master
Site Internet : http://@hugo.gndb
